La porte s’est rouverte une seconde fois. Le bruit des
verrous nous a arrachés, moi à ma stupeur lui à son discours. Une espèce de
monsieur en habit noir accompagné du directeur de la prison, s’est présenté, et
m’a salué profondément.
Cet homme avait sur le visage quelque chose de la
tristesse officielle des employés des pompes funèbres. Il tenait un rouleau de
papier à la main.
— Monsieur m’a-t-il dit avec un sourire de
courtoisie, je suis huissier près la cour royale de Paris. J’ai l’honneur de
vous apporter un message de la part de monsieur le procureur général.
La première secousse était passée. Toute ma présence
d’esprit m’était revenue.
— C’est monsieur le procureur général, lui ai-je
répondu, qui a demandé si instamment ma tête ? Bien de l’honneur pour
moi qu’il m’écrive. J’espère que ma mort lui va faire grand plaisir ?
car il me serait dur de penser qu’il l’a sollicitée avec tant d’ardeur et
qu’elle lui était indifférente.
J’ai dit tout cela, et j’ai repris d’une voix
ferme :
— Lisez, monsieur !
Il s’est mis à me lire un long texte, en chantant à la
fin de chaque ligne et en hésitant au milieu de chaque mot. C’était le
rejet de mon pourvoi.
— L’arrêt sera exécuté aujourd’hui en place de
Grève, a-t-il ajouté quand il a eu terminé, sans lever les yeux de dessus son
papier timbré. Nous partons à sept heures et demie précises pour la
Conciergerie. Mon cher monsieur aurez-vous l’extrême bonté de me suivre ?
Depuis quelques instants je ne l’écoutais plus. Le
directeur causait avec le prêtre ; lui avait l’œil fixé sur son
papier ; je regardais la porte, qui était restée entrouverte…
— Ah ! misérable ! quatre fusiliers
dans le corridor !
L’huissier a répété sa question, en me regardant cette
fois.
— Quand vous voudrez, lui ai-je répondu. À votre
aise !
Il m’a salué en disant :
— J’aurai l’honneur de venir vous chercher dans
une demi-heure.
Alors ils m’ont laissé seul.
Un moyen de fuir, mon Dieu ! un moyen
quelconque ! Il faut que je m’évade ! il le faut !
sur-le-champ ! par les portes, par les fenêtres, par la charpente du
toit ! quand même je devrais laisser de ma chair après les poutres !
ô rage ! démons ! malédiction ! Il
faudrait des mois pour percer ce mur avec de bons outils, et je n’ai ni un
clou, ni une heure !
I.
Etude de texte (10 pts)
1)
En
vous référant à l’œuvre dont le texte est extrait, recopiez et complétez le
tableau suivant :
Prénom et nom
de l’auteur
|
Genre littéraire
de l’œuvre
|
Date de
publication
|
|
……………………
|
Roman …………….
|
……………………
|
« notre …………….
|
2)
Mettez en situation le
texte ci-dessus dans le roman d’où il est extrait.
3)
Répondez
par Vrai ou Faux devant chacune des affirmations suivantes
a.
Le pronom
personnel « nous » employé dans la première ligne du texte remplace
le condamné et l’huissier.
b.
Le message
apporté par l’huissier a bouleversé le condamné
c.
D’après
le condamné le procureur général accorde peu d’importance à sa mort (celle du
condamné)
d.
Les énoncés
exclamatifs employés à la fin du texte expriment le sentiment de satisfaction du
condamné
Portez
sur votre copie la bonne réponse : a-… ;b-…. ;c-….. ;d-…
4)
« -Ah !
misérable ! quatre fusillers dans le corridor ! »
A
qui s’adresse le condamné dans cet énoncé ? Pourquoi le qualifie-t-il de « misérable » ?
5)
–a pendant
et immédiatement après la lecture de l’arrêt, les attitudes du
condamné et de l’huissier sont-elles semblables ou différentes ?
-b
Justifiez votre réponse en relevant dans le texte une expression
(groupe de mots) caractérisant l’attitude de chacun des deux
personnages (le condamné et l’huissier)
6)
Recopiez
et complétez le tableau suivant :
Enoncé
|
Figures de
style exprimées
|
a-
« Une espèce
de monsieur en habit noir » (début du texte)
|
|
b-
« Par les
portes, par les fenêtres, par la charpente du toit ! »
(fin du texte)
|
7)
Repérez
dans le texte quatre mots ( ou expressions) se rapportant au champ lexical de
la mort.
8)
Le registre
littéraire auquel appartiennent les énoncés soulignés dans le texte est:
a-
Le fantastique ?
b- le pathétique c- le polémique d- l’ironique
Retenez
la bonne réponse.
9)
« Dans ce passage le comportement de l’huissier
est révoltant. Il est complétement insensible à la douleur du condamné. »
Approuvez-vous cette observation ?
justifiez votre réponse en une ou deux phrases.
10)
Le condamné
évoque dans les dernières lignes du texte l’évasion comme moyen d’échapper à
son exécution.
Pensez-
vous que le condamné ait raison de vouloir agir ainsi ? justifiez votre
réponse en une ou deux phrases.
II.
Production écrite ( 10 pts)
Sujet
Présentant
un exposé sur le roman « le dernier jour d’un condamné » de
Victor Hugo, un groupe d’élèves affirme :
« Toute
personne ayant lu ce roman comprendra mieux la souffrance d’un condamné à mort.
Elle s’opposera dorénavant, de toutes ses forces, à la peine capitale ! »
Partagez-vous
cette opinion ?
Rédigez,
en une vingtaine de ligne, un texte où vous exposerez votre point de vue que vous
appuierez au moyen d’arguments et d’exemples
convenables.
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