- Définition
Le registre est la tonalité donnée à un texte par des éléments significatifs, chaque registre exprime et cherche à susciter chez le lecteur des émotions spécifiques. Certains registres sont plus particulièrement liés au genre littéraire. On peut trouver plusieurs registre différents dans un même texte.
Le Registre pathétique
Le registre pathétique permet de faire ressentir de la compassion au lecteur. Le lecteur (ou le spectateur)
est amené à s’apitoyer sur les malheurs des personnages. Le registre pathétique est souvent lié au
registre tragique.
Il se reconnaît à:
- la présence des thèmes et des champs lexicaux du malheur, de la souffrance (physique ou morale), des émotions.
- Des phrases exclamatives et Des questions rhétoriques.
- Des verbes de sentiments
- Des métaphores et des comparaisons poignantes
Exemple 1 :
« Pardonnez si j’achève en peu de mots un récit qui me tue. Je vous raconte un malheur qui n’eut
jamais d’exemple. Toute ma vie est destinée à le pleurer. Mais, quoique je le porte sans cesse dans ma mémoire,
mon âme semble reculer d’horreur chaque fois que j’entreprends de l’exprimer.
Nous avions passé tranquillement une partie de la nuit. Je croyais ma chère maîtresse endormie et je
n’osais pousser le moindre souffle, dans la crainte de troubler son sommeil. Je m’aperçus dès le point du jour,
en touchant ses mains, qu’elle les avait froides et tremblantes. Je les approchai de mon sein, pour les échauffer.
Elle sentit ce mouvement, et, faisant un effort pour saisir les miennes, elle me dit, d’une voix faible, qu’elle se
croyait à la dernière heure. Je ne pris d’abord ce discours que pour un langage ordinaire dans l’infortune, et je
n’y répondis que par les tendres consolations de l’amour. Mais, ses soupirs fréquents, son silence à mes
interrogations, le serrement de ses mains, dans lesquelles elle continuait de tenir les miennes, me firent
connaître que la fin de ses malheurs approchait. »
L’Abbé Prévost, Manon Lescaut (1731)
Exemple 2 :
L'aïeule cependant l'approchait du foyer
Comme pour réchauffer ses membres déjà roides.
Hélas ! ce que la mort touche de ses mains froides
Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas !
Elle pencha la tête et lui tira ses bas,
Et dans ses vieilles mains prit les pieds du cadavre.
- Est-ce que ce n'est pas une chose qui navre !
Cria-t-elle ; monsieur, il n'avait pas huit ans !
Ses maîtres, il allait en classe, étaient contents.
Monsieur, quand il fallait que je fisse une lettre,
C'est lui qui l'écrivait. Est-ce qu'on va se mettre
A tuer les enfants maintenant ? Ah ! mon Dieu !
On est donc des brigands ! Je vous demande un peu,
Il jouait ce matin, là, devant la fenêtre !
Dire qu'ils m'ont tué ce pauvre petit être !
Il passait dans la rue, ils ont tiré dessus.
Monsieur, il était bon et doux comme un Jésus.
Comme pour réchauffer ses membres déjà roides.
Hélas ! ce que la mort touche de ses mains froides
Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas !
Elle pencha la tête et lui tira ses bas,
Et dans ses vieilles mains prit les pieds du cadavre.
- Est-ce que ce n'est pas une chose qui navre !
Cria-t-elle ; monsieur, il n'avait pas huit ans !
Ses maîtres, il allait en classe, étaient contents.
Monsieur, quand il fallait que je fisse une lettre,
C'est lui qui l'écrivait. Est-ce qu'on va se mettre
A tuer les enfants maintenant ? Ah ! mon Dieu !
On est donc des brigands ! Je vous demande un peu,
Il jouait ce matin, là, devant la fenêtre !
Dire qu'ils m'ont tué ce pauvre petit être !
Il passait dans la rue, ils ont tiré dessus.
Monsieur, il était bon et doux comme un Jésus.
Victor Hugo
Les Châtiments, "Souvenir de la nuit du 4"
1853
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