Publiée en 1925 dans la Nouvelle Revue Française, l'oeuvre Les Faux-Monnayeurs d'André Gide est aujourd'hui considérée comme l'un des objets littéraires phares du XXe siècle. Le roman défie les règles du roman linéaire en adoptant une liberté d'écriture et en présentant une multiplicité d'intrigues et de personnages qui font contraste avec ce que l'on sait du roman habituel de l'époque. Cette oeuvre est clairement l'un des précurseurs du mouvement littéraire "nouveau roman" et a trouvé sa place dans la liste des meilleurs romans du demi-siècle.
L'histoire centrale développe les notions d'amitié ou d'amour qui unissent les trois personnages principaux, Bernard, Olivier (deux lycéens) et Edouard (l'oncle romancier d'Olivier). A cette histoire principale, viennent se greffer plusieurs autres histoires secondaires, toujours liées de près ou de loin à nos trois personnages principaux.
Les Faux-Monnayeurs : Partie I
La crise de Bernard : l'enfant "bâtard"
Lorsqu'il découvre que son père, Alberic Profitendieu, juge d'instruction, n'est pas son père biologique et qu'il est en réalité le fruit d'un accident de sa mère pendant sa jeunesse, Bernard, jeune lycéen, décide de s'enfuir du foyer familial en laissant une lettre d'explication particulièrement cruelle derrière lui. Il demande à son ami Olivier Molinier de l'héberger pour la nuit. La lettre blesse profondément Alberic, lui qui a toujours eu une préférence pour le côté bad boy et indomptable de son fils adoptif.
Crise de conscience à durée limitée
Vincent, personnage secondaire et frère aîné d'Olivier est un étudiant en médecine qui accepte de prendre en charge le père du compte de Passavant, très mal en point suite à une opération. Cette mission lui permet de gagner l'argent nécessaire afin de pouvoir aider la jeune femme mariée qu'il a mise enceinte et dont il se sent responsable. Tristement pour cette dernière, il finit tout de même par la quitter pour une autre, Lady Griffith, et l'abandonne à son sort. (Ne pas oublier qu'à cette époque l’adultère était puni)
Retrouvailles pudiques
Edouard, le demi-frère de la mère d'Olivier et romancier, relit une lettre de Laura, la jeune femme enceinte de Vincent, qu'il a aimée par le passé : elle implore son aide. Olivier, son neveu pour qui il a une tendre affection, l'attend à la gare. Ils sont particulièrement heureux de se retrouver mais cette joie, qui ne peut s'exprimer dans sa force réelle, se transforme en pudeur extrême et leur entretien se déroule finalement dans la gêne et l'agacement. Edouard, à un moment particulièrement nerveux, fait tomber sa consigne par terre et Bernard, qui les suivait dans l'ombre, trouve la lettre de Laura.
La jalousie et le voyage de Bernard
Bernard, qui suivait son ami à la gare, a finit par découvrir la lettre de Laura et se met en tête de la sauver grâce à l'argent qu'il a trouvé dans le portefeuille d'Edouard. Il se rend à l'hôtel et se présente à elle comme un ami du frère de Vincent Molinier, qui l'a lâchement abandonnée. Au même moment, Edouard fait irruption mais prend, contre toute attente, le vol de sa consigne avec indulgence. Il a compris que si Bernard avait fait tout cela pour attirer son attention. Edouard va même jusqu'à engager le jeune homme en tant qu'assistant et l'emmène avec Laura en Suisse. Boris, petit-fils d'organiste célèbre sera ramené à Paris chez son grand-père par Edouard et Bernard afin de l'éloigner de la maladie de Bronja, fille de sa doctoresse, qu'il vénère, mais aussi de ses penchants à la masturbation avec ses petits amis, attitude jugée honteuse et maladive à cette époque.
Carnets violés dans leur intimité
En lisant les journaux intimes d'Edouard qu'il a trouvé dans sa consigne, Bernard découvre que son ami Olivier est bien différent avec ses autres amis, Sarah et Armand, et éprouve un peu de tristesse à l'idée de ne pas être de ceux avec qui il se sent le mieux. Edouard raconte aussi une visite qu'il a faite au vieux La Pérouse, son ancien professeur de piano, dont le fils est mort, et qui prétend qu'on lui cache son petit-fils, Boris. Le romancier finit par décrire le mariage de Laura, évoquant par la même occasion la pension protestante dirigée par une famille appelée "Vedel-Azaïs". Bernard apprend également qu'Edouard aimerait jouer un rôle dans la vie d'Olivier mais qu'il a l'impression que celui-ci "n'a besoin de rien ni personne".
Une offre douteuse
Olivier, triste et jaloux du rapprochement entre son ami et son oncle, décide par vengeance de se rendre chez le comte Robert de Passavant, un homme aux penchants homosexuels avérés qui lui tourne autour depuis quelques temps déjà. Ce dernier propose au jeune homme de devenir rédacteur en chef de sa revue littéraire, une offre qu'il semble considérer quelque peu douteuse. Ils partent tout de même ensemble en Corse à la suite de cette offre.
FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE DU RÉSUME DÉTAILLÉ DES FAUX-MONNAYEURS
Les Faux-Monnayeurs : partie II
La lettre de Bernard
Dans une lettre qu'il écrit à son ami Olivier, Bernard raconte ses aventures avec Laura et Edouard à Saas-Fée en Suisse. Il lui avoue être tombé amoureux de la jeune femme et lui narre leur rencontre avec une psychanalyste nommée Sophroniska, censée soigner Boris. Laura éconduit gentiment Bernard après avoir décidé finalement de retourner auprès de son mari, Felix.
La réponse d'Olivier
Lorsqu'il reçoit et lit cette lettre, Olivier est envahi par la jalousie et la rage d'avoir été évincé par l'amitié naissante entre son oncle et son ami Bernard. Il décide donc de répondre en racontant son voyage auprès du comte en tant que rédacteur en chef de sa revue. Cette lettre est dictée par la colère et le dépit, allant même jusqu'à vanter les mérites inexistants du comte Robert pour faire enrager Bernard, et Edouard très certainement.
Bernard fait lire la lettre d'Olivier à Edouard : tous deux sont pris d'une crise de rage et d'une envie meurtrière envers le comte qu'ils savent mal-intentionné et malhonnête. Le jeune homme lui fait également part dans sa lettre de son envie de devenir surveillant à la pension Vedel, là où le jeune Boris va être placé une fois arrivé, et là également où Edouard va travailler.
De retour à Paname
Tous sont de retour à Paris et Edouard ramène Boris à son grand-père. Installé à la pension, Boris se sent différent et ressent le besoin de faire partie d'un groupe, d'être membre d'une bande. Malheureusement, il se tourne vers des jeunes infréquentables : Strouvlihou, Ghéri, Phiphi et Georges Moliniers, des trafiquants de fausse-monnaie, de faux-monnayeurs.
Les retrouvailles entre Bernard et Olivier
Les retrouvailles sont très tendues entre les deux jeunes hommes, Bernard déteste Robert qui est bien trop présent dans l'esprit d'Olivier d'après lui. Olivier change, il prend un mauvais chemin, devient brutal, voire détestable aux yeux de ses meilleurs amis. Il finit par se rendre compte de la mauvaise influence que le comte a eu sur lui et sombre dans une dépression noire, au point qu'il ne sait plus comment faire marche arrière et s'en sortir. Pendant une soirée organisée par un club littéraire, il boit plus que de raison et se ridiculise devant tout le monde puis sombre dans ce que l'on appelle aujourd'hui une sorte de "bad trip", une torpeur éthylique. Il est rattrapé et soigné par son oncle Edouard. Le matin suivant cette soirée, il tente de se suicider, pour des raisons qu'il souhaite et va garder secrètes.
Olivier est confié à son oncle Edouard
Bienveillante, intelligente et empathique, Pauline, la mère d'Olivier comprend que la meilleure chose à faire est de confier son fils à son demi-frère, pour qui le jeune homme éprouve des sentiments profonds qu'il ne faut pas détruire pour sa stabilité mentale. Bernard, quant à lui, repense à une conversation qu'il a eu avec Edouard et Laura en Suisse et comprend que le lien du sang est surfait et qu'il doit accepter Alberic comme celui qui l'a élevé et donc, comme son véritable père. Au cours de ses pensées, il mûrit et comprend également qu'il a "pris la place" d'Olivier dans la vie d'Edouard et que ce n'est pas loyal, ni juste. Il décide donc de suivre son propre chemin.
Le destin tragique de Boris
Edouard, qui avait juré de s'occuper de Boris le délaisse à un moment où il ne le faudrait pas. Il tourne mal à cause de la bande de faux-monnayeurs et son grand-père semble ne pas l'aimer. Bronja meurt de la tuberculose et Boris en est extrêmement affecté, Bernard est occupé avec Sarah et le délaisse à son tour, le jeune garçon a la sensation de n'avoir plus personne vers qui se tourner. Un soir, il rentre dans un club que Ghéri a formé avec Georges Molinier dans le but de l'humilier. Philippe, alias Phiphi, le pousse à "jouer" avec un pistolet que Ghéri sait chargé. Le jeune Boris appuie sur la détente et se suicide. Cet événement dramatique a ouvert les yeux de Georges et Ghéri qui finissent par se repentir, ressentent une culpabilité profonde. La pension ferme. La Pérouse, grand-père de Boris, devient fou en apprenant le suicide de ce dernier. Bernard rentre chez lui et pardonne à son père de ne pas lui avoir dit la vérité plus tôt.
FIN DU RÉSUMÉ DES FAUX-MONNAYEURS D'ANDRÉ GIDE
0 Commentaires