La tragédie a une origine religieuse : elle est liée au culte de Dionysos, dieu du vin et du théâtre.
Elle constitue à l’origine un véritable spectacle, dans lequel la musique tient un rôle important,
notamment grâce au chœur qui chante et danse.
Les trois grands auteurs de tragédies grecques, Eschyle, Sophocle et Euripide, ont vécu à Athènes
au Ve
siècle avant Jésus-Christ, à une époque où se développe la démocratie. Le théâtre a alors pour
visée d’éduquer les citoyens, de les pousser à réfléchir sur des questions religieuses, politiques
(Textes et Images 3) et philosophiques, sur la fatalité, la fragilité de l’homme face aux dieux et au
destin (Textes et Images 1); il célèbre aussi la beauté de l’humanité (Textes et Images 4).
Les tragédies grecques s’appuient sur des mythes anciens et bien souvent sur des histoires de
famille, comme celle des Labdacides (Œdipe et l’histoire de ses enfants, comme Antigone), ou celle
des Atrides (Agamemnon, son épouse Clytemnestre, leurs enfants, Iphigénie, Électre, Oreste), liée
cette fois à la guerre de Troie. À cette époque, il ne s’agit donc pas d’inventer ni de surprendre : les
spectateurs viennent voir représenter sur scène des histoires qu’ils connaissent bien.
La tragédie classique du XVIIe
siècle
Les mythes grecs connaissent à nouveau un grand succès dans la littérature et les arts à partir
de la naissance de l’humanisme et de la Renaissance (XVIe
siècle), puis à l’époque classique où
la tragédie redevient très à la mode. En effet, les tragédiens classiques vont généralement puiser
leurs sujets dans la mythologie antique. Par exemple, c’est avec La Thébaïde (l’histoire des
luttes entre Étéocle et Polynice, les deux frères d’Antigone) que Jean Racine débute sa carrière de
dramaturge en 1664. Une grande partie de ses tragédies, Andromaque, Iphigénie, Phèdre, seront
inspirées de tragédies antiques.
La tragédie au XXe
siècle
Au XXe
siècle, des auteurs français comme Jean Giraudoux (La guerre de Troie n’aura pas lieu,
1935 ; Électre, 1937), Jean Cocteau (Antigone, 1922 ; La Machine infernale sur Œdipe, 1932), et Jean
Anouilh, mais aussi allemands comme Bertolt Brecht (Antigone, 1948), reprennent à nouveau les
mythes grecs, en les adaptant généralement à leur époque. Ils provoquent
ainsi la surprise grâce au décalage entre des sujets tirés de l’Antiquité et des personnages qui nous
semblent souvent contemporains, et montrent que les grands mythes antiques sont intemporels
et qu’ils permettent de réfléchir à des questions très actuelles. Ainsi, La guerre de Troie n’aura
pas lieu fait référence à l’entre-deux-guerres ; Antigone d’Anouilh évoque de façon ambiguë l’occupation
allemande et la Résistance. Les dramaturges cherchent à exprimer
le tragique de la condition humaine au XXe
siècle marqué par les deux guerres mondiales, mais
également les aspirations des hommes et leurs espérances. Dans un monde
qui semble tellement instable, ils vont puiser aux sources antiques pour les adapter au monde
moderne, montrant ainsi que les grandes interrogations de l’homme sont finalement toujours les
mêmes.
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