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Le Horla de Maupassant
TITRE : Le Horla
Date de publication : Il existe deux versions du «Horla» :
Un premier «Horla» a été publié dans Gil Blas, à Paris le 16 octobre 1886, puis repris dans la Vie populaire le 9 décembre 1886. Ce premier récit ne fut jamais intégré à un recueil du vivant de Maupassant.
Une seconde version fut publiée directement dans un recueil auquel elle donna son titre. Ce recueil fut publié chez Ollendorff en mai 1887.
L’auteur
Guy de Maupassant, né Henry-René-Albert-Guy de Maupassant le 5 août 1850 au château de Miromesnil à Tourville-sur-Arques et mort le 6 juillet 1893 à Paris, est un écrivain français.
Lié à Gustave Flaubert et à Émile Zola, il a marqué la littérature française par ses six romans, dont Une Vie en 1883, Bel-Ami en 1885, Pierre et Jean en 1887-1888, mais surtout par ses nouvelles (plus de 300), parfois intitulées contes, comme Boule de Suif en 1880, Les Contes de la bécasse en 1883 ou Le Horla en 1887. Ces œuvres retiennent l’attention par leur force réaliste, la présence du fantastique et la maîtrise stylistique.
La carrière littéraire de Guy de Maupassant se limite à une décennie – de 1880 à 1890 – avant qu’il sombre peu à peu dans la folie et meure à quarante-deux ans de la syphilis. Reconnu de son vivant, Guy de Maupassant conserve un renom de premier plan, renouvelé encore par les nombreuses adaptations filmées de ses œuvres.
Contexte historique :
À la fin du xixe siècle, le surnaturel est furieusement à la mode : on explore les maladies mentales, on se pique de pratiquer l'hypnose… et on frémit en lisant des nouvelles et des contes fantastiques. En intégrant les dernières découvertes médicales, ses angoisses et ses hallucinations, Maupassant renouvelle le genre.
Genre : conte fantastique et certains pensent que c’est une nouvelle fantastique
Le résumé de l'histoire
Le narrateur tient son journal, du 8 mai au 10 septembre. L'action se déroule donc sur un peu plus de quatre mois.
— Mai : une bonne journée passée dans son jardin, à regarder les bateaux. Deux jours plus tard, il se dit malade et inquiet. Sa belle humeur l'a quitté. Passent deux jours sans que sa maladie ne le quitte. Son médecin le rassure. Malgré les médicaments, l'inquiétude persiste. Il note sa nervosité, sa peur de se coucher le soir. Il fait d'affreux cauchemars et rêve qu'on l'étouffe dans son sommeil, en pesant sur sa poitrine.
— Juin : son état ne s'améliore pas. La solitude du bois, lors d'une promenade, l'inquiète ; il a l'impression d'être suivi et a du mal à retrouver son chemin. Il décide alors de partir un peu, pour se changer les idées.
— Juillet : un mois plus tard, il reprend son journal et y raconte sa visite au Mont Saint-Michel. À la question« faut-il croire à ce qu'on ne voit pas ? » le moine qui l'accompagne répond par l'affirmative. Le narrateur remarque que les cauchemars de son cocher sont semblables aux siens. Dès la deuxième nuit chez lui, ces rêves deviennent intolérables, au point qu'il songe à repartir. La nuit suivante, il remarque qu'une carafe d'eau, pleine la veille, se trouve vide le lendemain matin. Le narrateur décide de tenter quelques expériences : seuls l'eau et le lait semblent disparaître. Il constate enfin qu'il ne peut s'agir de somnambulisme. Très effrayé, il part pour Paris, s'y distrait et se moque de ses frayeurs passées. Il assiste à une séance d'hypnotisme qui le trouble beaucoup.
— Août : dans le jardin, une rose, cueillie par une main invisible, est restée suspendue en l'air devant le narrateur. Il est persuadé de la présence d'un être invisible. Le lendemain, il se demande s'il ne devient pas fou et se sent obligé de rentrer, mu par une force obscure. Il a peur, décide de partir, sans y parvenir. À Rouen, il emprunte un livre sur les phénomènes surnaturels. Il n'arrive pas à se rendre à la gare et ordonne au cocher, contre sa volonté, de rentrer. Il s'aperçoit que les pages du livre tournent toutes seules. Il essaie de saisir l'être invisible qui s'enfuit par la fenêtre. Le narrateur décide de le tuer. La lecture d'un article scientifique sur une « épidémie de folie »
sévissant au Brésil le convainc que l'être invisible, qu'il baptise le Horla, s'apprête à envahir le monde. Il ne se sent plus maître de ses pensées. Le soir même, il tente d'attraper le Horla, se retrouve face à son miroir, qui ne lui renvoie plus son image. Le lendemain, il fait poser porte et volets de fer à sa chambre.
— 10 septembre : dernière page du journal. Le narrateur a enfermé le Horla dans sa chambre et a mis le feu à la maison. Tout à son projet, il avait oublié que ses domestiques y dormaient aussi. La seule chose qui le préoccupe, pourtant, est de savoir si le Horla est bien mort. Ce n'est pas si sûr…
Les personnages
1. Le narrateur
• Le narrateur ne donne aucun indice concernant son identité. C'est un homme (« j'ai passé toute la matinée étendu sur l'herbe »), normand, qui n'a pas besoin de travailler. Il est cultivé et curieux (« Je viens de lire ceci dans la Revue du Monde Scientifique ») et analyse de façon très précise, presque scientifique, ses sensations (« un simple malaise, un trouble de la circulation peut-être, l'irritation d'un filet nerveux, un peu de congestion »). Il n'est ni fou ni crédule (« Les faits qu'il avança me parurent tellement bizarres, que je me déclarai tout à fait incrédule. »), ce qui rend son témoignage plus vraisemblable.
Le lecteur de la fin du xixe siècle peut donc s'identifier aisément au narrateur, ce qui renforce la violence du surnaturel et la montée de l'angoisse.
2. Le Horla
• Les preuves que réunit le narrateur de l'existence d'un « être invisible » peuvent former une sorte de portrait du Horla. Son corps « ne paraissait point posséder de contours nettement arrêtés, mais une sorte de transparence opaque. Il boit de l'eau et du lait sans paraître toucher à aucun autre alimen. » Il semble parfois craintif (« […] il s'était sauvé ; il avait eu peur, peur de moi, lui ! »).
Le Horla, c'est l'Autre, mystérieux, qui cristallise les peurs (« J'ai peur… de quoi ? »). Son nom même exprime cette étrangeté : hors (de) là, qui fait aussi penser au horsain, mot normand pour désigner l'étranger.
Les thèmes
1. La folie
• Chaque page du journal commence par une sorte de bulletin de santé. Le narrateur est d'abord simplement souffrant (« Je suis malade, décidément !, Mon état, vraiment, est bizarre. »). Très vite, il fait référence à la folie (« Je deviens fou, décidément, je suis fou !, je me demande si je suis fou. »). Il décline alors le thème de la folie, sous toutes les formes connues par la science ou la religion : « hallucinations, démence, troubles, fantasmagories, délire » et jusqu'à la possession par le diable.
2. Le surnaturel
• Le narrateur décrit précisément les manifestations surnaturelles auxquelles il assiste (« je vis, je vis, distinctement, tout près de moi ») : une rose cueillie par une main invisible, l'eau disparue de la carafe, les pages d'un livre tournant toutes seules, le reflet du narrateur « kidnappé » dans son miroir. Dans le Horla, le surnaturel est donc essentiellement marqué par l'invisible (« L'air invisible est plein d'inconnaissables Puissances »).
3. Le double
• Maupassant connaissait les découvertes de son époque en psychiatrie. Il exploite le thème du double dans ce sens : il y a dans l'être deux « moi » contradictoires, l'un normal et logique, l'autre inquiétant et irrationnel. Le narrateur se sent menacé par ce second « moi » devenu un autre (« un être étranger, inconnaissable et invisible, anime, par moments, quand notre âme est engourdie, notre corps captif qui obéit à cet autre »). Pour se débarrasser de ce double qui prend possession de lui, le narrateur n'a qu'une issue : se tuer (« Alors… alors… il va donc falloir que je me tue, moi !… »).
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