Fiche pédagogique
Module III: lire une nouvelle fantastique séquence:
2
Activité : lecture durée :
2h
Objectifs
·
reconnaître
la fonction de l'incipit dans une nouvelle fantastique.
·
cerner les
éléments qui préparent l'intrusion du surnaturel dans l'histoire.
Support
Qui rend donc la blonde Edwige si triste ? que fait-elle assise à
l’écart, le menton dans sa main et le coude au genou, plus morne que le
désespoir, plus pâle que la statue d’albâtre qui pleure sur un tombeau ?
Du coin de sa paupière une grosse larme roule sur le duvet de sa joue, une
seule, mais qui ne tarit jamais ; comme cette goutte d’eau qui suinte des
voûtes du rocher et qui à la longue use le granit, cette seule larme, en
tombant sans relâche de ses yeux sur son cœur, l’a percé et traversé à jour.
Edwige, blonde Edwige, ne croyez-vous plus à Jésus-Christ le doux
Sauveur ? doutez-vous de l’indulgence de la très sainte Vierge
Marie ? Pourquoi portez-vous sans cesse à votre flanc vos petites mains
diaphanes, amaigries et fluettes comme celles des Elfes et des Willis ?
Vous allez être mère ; c’était votre plus cher vœu ; votre noble
époux, le comte Lodbrog, a promis un autel d’argent massif, un ciboire d’or fin
à l’église de Saint-Euthbert si vous lui donniez un fils.
Hélas ! hélas ! la pauvre Edwige a le cœur percé des sept glaives
de la douleur ; un terrible secret pèse sur son âme. Il y a quelque mois,
un étranger est venu au château ; il faisait un terrible temps cette
nuit-là : les tours tremblaient dans leur charpente, les girouettes
piaulaient, le feu rampait dans la cheminée, et le vent frappait à la vitre
comme un importun qui veut entrer.
L’étranger était beau comme un ange, mais comme un ange tombé ; il
souriait doucement et regardait doucement, et pourtant ce regard et ce sourire
vous glaçaient de terreur et vous inspiraient l’effroi qu’on éprouve en se
penchant sur un abîme. Une grâce scélérate, une langueur perfide comme celle du
tigre qui guette sa proie, accompagnaient tous ses mouvements ; il
charmait à la façon du serpent qui fascine l’oiseau.
Cet étranger était un maître chanteur ; son teint bruni montrait qu’il
avait vu d’autres cieux ; il disait venir du fond de la Bohême, et
demandait l’hospitalité pour cette nuit-là seulement.
Il resta cette nuit, et encore d’autres jours et encore d’autres nuits, car
la tempête ne pouvait s’apaiser, et le vieux château s’agitait sur ses
fondements comme si la rafale eût voulu le déraciner et faire tomber sa
couronne de créneaux dans les eaux écumeuses du torrent.
Pour charmer le temps, il chantait d’étranges poésies qui troublaient le
cœur et donnaient des idées furieuses, tout le temps qu’il chantait, un corbeau
noir vernissé, luisant comme le jais, se tenait sur son épaule ; il
battait la mesure avec son bec d’ébène, et semblait applaudir en secouant ses
ailes. — Edwige pâlissait, pâlissait comme les lis du clair de lune ;
Edwige rougissait, rougissait comme les roses de l’aurore, et se laissait aller
en arrière dans son grand fauteuil, languissante, à demi morte, enivrée comme
si elle avait respiré le parfum fatal de ces fleurs qui font mourir.
Enfin le maître
chanteur put partir ; un petit sourire bleu venait de dérider la face du
ciel. Depuis ce jour, Edwige, la blonde Edwige ne fait que pleurer dans l’angle
de la fenêtre.
I. Présentation :
a.
la mise en situation :
·
Définir
la nouvelle
Une nouvelle
= une œuvre en prose généralement brève, un récit court, qui
présente plusieurs caractéristiques particulières :
elle met en
scène un petit nombre de personnages, rapidement mis en situation.
L’histoire
prend pour cadre la vie quotidienne (inscription immédiate et
précise du cadre spatio-temporel) et contient un fait singulier, qui
bouleversera la vie du personnage central
Elle contient peu de descriptions
; celles-ci sont rares, suggestives ou au contraire démonstratives,
se limitent à ce qui est indispensable à l'histoire ; on s'attache à décrire
surtout une caractéristique particulière, importante pour la diégèse et qui
pourra être sujet à développement.
·
le genre de l’œuvre nouvelle fantastique
·
le titre : le Chevalier Double
·
l’auteur : Théophile Gautier
b.
Lecture du texte
II. Situation du texte : il s’agit de l’incipit de la nouvelle fantastique : le Chevalier double
III. Situation d’énonciation
a.
Qui parle ?
b.
A qui ?
c.
De qui ?
IV. Axes de lecture
a.
la mise en scène d'un personnage hanté
·
comment
s'appelle le personnage décrit au début du texte ?
·
par quel mot est-il caractérisé ? où vit-il ?
avec qui ? quel heureux évènement attend-il ?
·
pourquoi Edwige est-elle triste ? à quoi pense-t-elle
? quels sentiments doit-elle éprouver
les champs
lexicaux :
Le champ lexical de la tristesse
: triste, désespoir, pâle, pleure, larme, l'écart, cœur percé,
Synthèse partielle
Le narrateur
décrit le malheur d'une femme noble, appelée Edwige. La blonde, triste dans son
coin, supporte en son profond un immense chagrin.
le portrait d'Edwige : blonde, le
menton dans sa main, une larme coule sur sa joue, ses petites mains diaphanes,
amaigries, plus pâle que la statue d'albâtre, plus morne que le désespoir,
triste, malheureuse,
b.
les manifestations de l'étranger :
·
- qui est
venu au château ? pourquoi est-il resté plus longtemps que prévu ?
·
- qu'inspire
l'arrivée du maître chanteur ?
·
- quels sont
les mots qui ont une signification religieuse dans ce passage ?
·
- pourquoi
le narrateur fait-il allusion à la religion ?
·
jusqu'à la fin du texte, le lecteur connaît-il la
raison de la tristesse de l'héroïne ? (oui)
Synthèse partielle
Le narrateur relate l'évènement de
l'arrivée de l'étranger qui a envahi le château par ses chants qui séduisaient la
blonde Edwige. Le bohémien a laissé son impact de tristesse profonde sur la
comtesse qui s'inquiète des signes de son futur enfant.
le portrait de l'étranger : bizarre, étrange, habillé en noir, un corbeau sur son épaule
le portrait de l'étranger : bizarre, étrange, habillé en noir, un corbeau sur son épaule
Synthèse générale
Le narrateur relate, à travers le
texte, la visite troublante du maître chanteur. Une visite vécue comme un
malaise qui a entrainé un sentiment de tristesse chez la comtesse Edwige. Cette
dernière est hantée par le sortilège du bohémien.
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