Acte premier
Tout en finissant les derniers préparatifs du petit spectacle qu'ils doivent donner le soir même pour les invités de leur employeur Monsieur Jourdain, le bourgeois qui se veut gentilhomme et qui donne son titre à la pièce, le Maître à danser et le Maître de musique débattent : l'un est bien content d'être employé par Monsieur Jourdain car cela lui assure un revenu sans effort, l'autre regrette que ce monsieur n'ait pas davantage de goût car il est las qu'on soit insensible à la beauté des pièces qu'il compose.
Monsieur Jourdain apparaît alors. Sa vulgarité transparaît à travers ses habits, accordés n'importe comment, et il met au même niveau grands airs lyriques et chansons d'amour populaires. Les deux maîtres cependant le flattent et lui vantent sans aucune mesure l'importance de leur discipline respective pour s'assurer un emploi durable. Un autre trait caractéristique de Monsieur Jourdain se dessine alors : c'est un naïf, et il se plie à n'importe quelle opinion, dès lors qu'elle est énoncée avec aplomb et quelques fioritures pédantes. Enfin, face à un Jourdain mauvais expert, ils montrent où en est leur spectacle. Le Maître de musique donne à voir une pièce de chant pastoral, puis le Maître à danser une démonstration technique de différents pas et mouvements.
Acte II
Monsieur Jourdain est satisfait et demande à ses maîtres de lui apprendre à faire une révérence pour la marquise Dorimène, une veuve qui fera partie des invités.
Le Maître d'armes arrive et sans tarder, avec autant de mépris et de désinvolture que ses confrères, il enseigne l'art du combat à Monsieur Jourdain. Mais très vite le Maître à danser trouve à redire aux méthodes du Maître d'armes, et les deux hommes commencent à s'affronter.
Le Maître de philosophie entre. Monsieur Jourdain lui demande de raisonner ses confrères, mais ce nouveau professeur, qui pourtant vient d'énoncer de grands principes philosophiques stoïciens contre la colère, finit par se joindre à la querelle. Les trois autres maîtres sortent sous une pluie d'injures.
Le Maître de philosophie fait l'inventaire de ce qu'il peut enseigner à Monsieur Jourdain : logique, morale, physique... Mais Jourdain veut apprendre l'orthographe et l'almanach. Le Maître de philosophie s'attache alors à lui enseigner la formation des voyelles. Après ce bref cours, Monsieur Jourdain demande de l'aide car il aimerait écrire une lettre pour Dorimène et souhaite connaître la meilleure manière de dire « Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour ». On en vient vite à la conclusion que la meilleure manière de dire « Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour » est « Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour ». Le Maître de philosophie s'en va.
Le Maître tailleur entre avec ses quatre garçons tailleurs et habille Monsieur Jourdain d’une manière grotesque. L'acte se conclut par un numéro dansé par les garçons tailleurs.
Acte III
Monsieur Jourdain tient à aller parader en ville avec ses nouveaux habits, mais il croise Nicole, sa servante, qui n'arrive pas à se retenir de rire à la vue de son accoutrement. Elle se calme cependant quand il la presse d'aller préparer la maison pour des invités qu’elle sait rustres, imaginant déjà le désordre qu’ils vont laisser.
Madame Jourdain apparaît et se joint à Nicole pour réprimander Monsieur, lequel tente de leur prouver qu'elles ont tort d'accuser ses dépenses en leur restituant maladroitement ce qu'il a appris plus tôt auprès de ses maîtres. Madame Jourdain lui reproche, en outre, de se plier à tous les caprices du comte Dorante.
Dorante arrive justement, et demande, après avoir flatté Monsieur en lui affirmant avoir parlé de lui au Roi le matin même, un énième prêt d'argent. Monsieur Jourdain accepte, malgré les remarques de Madame Jourdain qui elle n'est pas du tout dupe. Tandis que Monsieur Jourdain s'absente pour aller chercher la somme demandée, Dorante essaie en vain de flatter Madame Jourdain. Monsieur donne la somme à Dorante et, à part, Dorante lui donne des nouvelles de la marquise convoitée : elle a bien reçu le diamant offert par Monsieur et répond présente à l'invitation.
Madame Jourdain et Nicole se doutent de quelque chose. Mais Madame Jourdain tient avant tout à faire en sorte que le mariage de Lucile, sa fille, avec Cléonte, son amoureux, soit mené à bien. Elle demande à Nicole d'aller chercher Cléonte pour mettre l'affaire en marche.
Cléonte et Covielle – son valet, qui est amoureux de Nicole – ignorent Nicole quand elle arrive ; ils refusent de lui parler. Elle sort prévenir Lucile. Seuls, les deux hommes se lamentent d'avoir été maltraités par leur amoureuse. Dans un drôle de parallélisme qui souligne leur différence de classe, Cléonte et Covielle inventorient tous les sacrifices qu'ils ont consentis pour leurs belles respectives : « Tant d'ardeur que j'ai fait paraître à la chérir plus que moi-même. » / « Tant de chaleur que j'ai soufferte à tourner la broche à sa place ! ».
Nicole revient, accompagnée de Lucile. Elles viennent demander des comptes. Les garçons jouent à les ignorer. Fatiguées de ce jeu, elles arrêtent bientôt d'essayer de leur parler et à leur tour, quand elles voient que les garçons leur accordent de l'attention, elles jouent à les ignorer. Au bout d'un moment, le malentendu est dissipé : Lucile et Nicole ont effectivement tourné le dos à Cléonte et Covielle plus tôt mais c'était pour dissimuler leur inclination.
Madame Jourdain paraît et presse Cléonte de demander la main de Lucile à Monsieur. Cléonte est ravi et sans attendre se déclare. Malgré le soutien inflexible de Madame Jourdain, son époux refuse, car il veut marier sa fille à un noble.
Covielle, seul en scène avec son maître, lui propose de mettre en place un stratagème pour duper Monsieur Jourdain et permettre malgré tout le mariage. Ils sortent quand Monsieur revient.
Dorante arrive, menant avec lui Dorimène. On comprend alors qu'il n'a jamais servi que ses propres intérêts auprès d'elle : il se sert des richesses de Jourdain pour la séduire. Par exemple, elle pense que le diamant vient de Dorante. D'autre part, il a bien voulu la mener en la maison de Monsieur Jourdain car elle refuse de se laisser voir chez elle ou chez lui.
Monsieur Jourdain vient accueillir Dorimène. Dorante joue sur les deux tableaux en aparté : il incite Jourdain à rester discret quant à son diamant, de même qu'il désamorce les esquisses de déclarations en se moquant auprès de Dorimène des manières bourgeoises du bonhomme. L'acte se clôt par un numéro dansé par les six cuisiniers de Monsieur Jourdain.
Acte IV
Le dîner, luxueux, commence. Les trois convives badinent en mangeant. Monsieur Jourdain fait chanter des chansons à boire. Au grand dam de Dorante, Dorimène s'avère séduite par Monsieur Jourdain.
Madame Jourdain interrompt le dîner. On essaie de lui faire croire qu'il est totalement financé par Dorante mais elle n'est pas dupe. Humiliée, Dorimène fuit.
Covielle entre déguisé. Il s'annonce comme un émissaire du Grand Turc, dont le fils serait tombé sous le charme de Lucile et en outre ressemblerait beaucoup à Cléonte. Monsieur Jourdain est ravi.
Cléonte entre, déguisé en Turc, accompagné de trois pages qui portent sa veste. Sous ce déguisement, il presse le mariage avec Lucile. Monsieur Jourdain, tout excité, est prêt à exécuter tous ses souhaits et sort pour ce faire.
Cléonte et Covielle rient de la naïveté de Jourdain et mettent en place pour lui une fausse cérémonie d'anoblissement turque. Elle a lieu aussitôt, tout en musiques et en danses.
Acte V
Madame Jourdain rencontre Monsieur à la fin de sa cérémonie. Il est tout fier d'avoir été proclamémamamouchi, ce qui serait l'équivalent turc de paladin. Madame est outrée.
Dorante reparaît sur scène, avec Dorimène, qui révèle son intention de se marier avec lui au plus vite.
Monsieur Jourdain vient à leur rencontre et reçoit des révérences pour son nouveau statut de Mamamouchi. Il leur présente aussi le fils du Grand Turc. Il fait ensuite venir Lucile et lui annonce qu'elle doit se marier avec lui. Elle a d'abord un mouvement de recul, puis elle se rend compte qu'il s'agit de Cléonte, et se plie au caprice.
Madame Jourdain apparaît, furieuse des folies de son époux. Elle veut empêcher le mariage, jusqu'à ce que Covielle en aparté lui explique qu'il s'agit d'une ruse. On appelle un notaire pour officialiser le mariage de Cléonte avec Lucile, celui de Dorimène avec Dorante, et celui de Covielle avec Nicole. Monsieur Jourdain sera dupe jusqu'au bout de la pièce, qui se ferme sur un ballet.
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